30 mai 2009

Une exécution difficile à Genève


Le 10 juillet 1689, à Genève, on pend en place publique Louis du Bar, dit le petit père, voleur récidiviste, déjà marqué à Châlons. Procès verbal de cette exécution par l’auditeur Thelusson (1) :

« [Le bourreau] lui ayant mis la corde au col, et l’ayant fait monter en haut de l’échelle, après l’y avoir attaché, l’aurait jeté en bas, mais n’y serait arrivé pour n’avoir pris ses mesures et précautions ou autrement ; la corde qui était au col se serait rompue presque aussitôt que le bourreau lui aurait sauté sur les épaules pour l’étrangler ; et le dit Debas serait tombé à terre, d’où s’étant […] relevé lui-même, il aurait demandé grâce, mais lui ayant été dit que la sentence devait être exécutée, le bourreau qui en même temps s’était jeté à bas, l’avait ressaisi et fait remonter en haut de l’échelle. Je lui aurait commandé de mieux faire son devoir ou qu’autrement il répondrait de tous ses manquements, nonobstant quoi qu’ayant derechef jeté bas ledit criminel et lui ayant monté sur les épaules, après l’avoir secoué quelques moments serait tombé à terre à la renverse, ce qui m’aurait donné sujet de censurer de plus fort ledit bourreau, lequel étant ensuite descendu l’échelle et trouvé que ledit patient n’était pas encore entièrement mort, il aurait achevé de l’étrangler et lui aurait donné plusieurs coups de pieds au ventre et quelques coup de tête de sa hache sur l’estomac de manière, qu’étant icelui patient mort, il l’aurait levé aussi haut qu’il aurait pu le faire et attaché contre l’échelle. » (2)

(1) Michel Porret, Corps flétri – Corps soigné : l’attouchement du bourreau au XVIIIe siècle, in Le corps violenté : du geste à la parole, Genève, Droz, 1998, p. 125.
(2) Archives d’Etat de Genève, Procès criminel 4814.


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