13 mai 2009

Jacques Baroux, premier exécuteur en Algérie


Dans une série consacrée à la guillotine et aux exécuteurs en Algérie, parue sur le forum Guillotine, je me suis attaché à donner la liste et la biographie des exécuteurs en poste dans ce pays, au temps de la colonisation. A l’époque, je savais très peu de choses du premier Monsieur d’Alger. Simplement qu’il se nommait Joseph Baroux et, d’après certaines sources, qu’il était né à Caen en 1810. Toutes mes recherches pour en savoir plus, à son sujet, étaient restées vaines. Or, récemment et un peu par hasard, j’ai retrouvé son dossier dans les archives de la Préfecture de Police (BA 949). Première surprise : il ne se prénomme pas Joseph, comme cela a été écrit un peu partout, mais Jacques-Denis. Il était bien cité dans le dossier BB/30 536 des Archives Nationales mais toujours sous le seul patronyme de Barroux.

Jacques-Denis Baroux (à l’état-civil il est d’abord nommé Barout – à sa naissance – puis Baroux dans les actes postérieurs) est né le 22 août 1819 à Villenauxe-la-Petite, petit village de Seine-et-Marne. Ses parents sont Jacques-Denis Baroux, garde-champêtre, et Geneviève Gervais. Cette dernière étant la fille de Jean-Baptiste Gervais, boucher à Villenauxe. Très jeune, il se marie à Villenauxe-la-Petite, le 30 avril 1839, avec Marie-Joséphine Michaud, née le 6 mai 1813 à Baby (Seine-et-Marne), fille de Thomas Michaud, vigneron, et de Marie-Élisabeth Fougeat. Comme on le voit, aucun d’entre eux n’appartenait à une dynastie d’exécuteurs.

Les premiers emplois de Jacques-Denis Baroux sont uniquement agrestes puisqu’il est cité comme berger (1839), manouvrier (1840), journalier (1842). Quand et comment a-t-il été nommé exécuteur ? Aucun document ne le précise. Le dossier de la Préfecture signale seulement qu’il fut réformé du service militaire en 1844 (la date semble erronée) à cause d’une maladie de nerfs. Comme il est signalé à Alger, dès août 1842, il aurait pu avoir été engagé comme exécuteur sur place ? D’autre part, rien ne permet d’affirmer que c’est lui qui fit fonctionner - pour la première fois en Algérie - la guillotine, le 16 février 1843, sur l’esplanade Bal-el-Oued, à Alger. Les seules précisions sur sa carrière d’exécuteur, dans le dossier précité, tiennent en une ligne : « Ancien exécuteur-adjoint ayant exercé pendant 27 ans, de 1843 à 1870, en Algérie, à Caen, Saint-Mihiel, Nancy et Metz ». Par ailleurs, on sait qu’il permuta avec Nicolas Wolf, le 3 juillet 1847, échangeant son poste d’Alger contre celui de Caen où il exerça jusqu’en 1849. On le retrouve ensuite aide-exécuteur en Lorraine, à Saint-Mihiel vers 1850-1859, puis à Metz. A aucun moment, dans les registres d’état-civil d’Alger, on indique qu’il est exécuteur. Tous les actes lui attribuent la profession de journalier.

Jacques-Denis Baroux et Marie-Joséphine Michaud eurent sept enfants : Louise-Joséphine-Céline, née le 2 mai 1840 à Villenauxe-la-Petite est décédée le 5 août 1842 à Alger ; Joséphine-Céline, née le 18 septembre 1844 à Alger (décédée avant 1887); Antoine-Denis, né le 28 janvier et décédé le 26 juin 1846 à Alger ; Emile-Joseph-Denis, né le 27 mai 1847 à Alger (En 1895, il est manouvrier à Saint-Sauveur-les-Bray, en Seine-et-Marne) ; une fille, née vers 1849 (En 1895, elle réside à Coulommiers, en Seine-et-Marne, et est l’épouse d’un maréchal ferrant) ; Théophile-Zéphyrin, né le 16 décembre 1850 à Saint-Mihiel (En 1895, adjudant d’infanterie à Toul) ; enfin, Alfred, né vers 1856 (En 1895, il est marié, père de trois enfants, habite Paris où il est charretier à la Compagnie Générale du Gaz).

Au fil de ses pérégrinations, on le retrouve successivement à Alger où il habite d’abord au café du cirque, dans le faubourg de Bab-el-Oued, puis 68 rue de la Girafe et, enfin, aux tagarines. Après Caen, Saint-Mihiel, Nancy et Metz, où il a vécu jusqu’en 1870, il revient en Seine-et-Marne et s’installe à Jaulnes-Lourps – comme garde champêtre – puis à La Chapelle-Rabelais. On le retrouve ensuite à Chateauroux et, finalement, à partir d’octobre 1887 à Paris. Dans la capitale, il loge d’abord chez son plus jeune fils, 92 rue Regnault, mais est chassé par sa bru. Il s’installe alors 86 rue Baudricourt dans une chambre d’un loyer annuel de 100 francs. En octobre 1896, il déménage dans un modeste logement, 6bis rue Vincent Compoit, dans le 18ème, où il décède le 18 mai 1899, presque octogénaire. Son seul revenu était un secours alimentaire de 700 francs qu’il percevait tous les ans.

Jourdan


2 commentaires:

  1. Théophile-Zéphyrin BAROUX, né le 16 décembre 1850 à Saint-Mihiel

    RépondreSupprimer
  2. Merci pour cette information que j'ai intégrée à l'article. Il est probable qu'Alfred Baroux, le dernier fils, est lui aussi né à Saint-Mihiel, vers 1856.

    RépondreSupprimer